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Une nouvelle aventure de Sylvain: X-Alpine 2025

  • izgui5
  • 9 sept.
  • 10 min de lecture

X-Alpine : Le 100 miles le plus exigeant du circuit !

Osez l'aventure montagne au cœur des Alpes Suisses.


Début octobre 2024. Je reçois un mail pour l'ouverture des inscriptions du trail Verbier St-Bernard, en Suisse. Je reste sur un abandon sur la Swiss-Peaks dont le parcours passait par le domaine skiable de Verbier. Ceci me pousse à regarder plus en détail cette course dont la distance totale est légèrement plus courte que la Swiss-Peaks et pourrait donc mieux me convenir. Façon de parler car cette partie des Alpes, côté Suisse, présente toujours un niveau de difficulté assez élevé, avec des reliefs à fort pourcentage et très peu de moment de répit permettant de récupérer. Mais j'ai besoin de me projeter vers un nouvel objectif et celui-ci me semble idéal pour oublier ma déconvenue précédente. Allez, c'est parti, retour en Suisse, non pas pour une revanche mais pour une nouvelle aventure qui je l'espère, se terminera mieux. Brigitte m'accompagnera, j'aurai donc une assistance sur certains ravitaillements, ce qui change beaucoup de chose dans le déroulé de la course.


Verbier – samedi 11 juillet – 21H45


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Nous sommes sur la place Ermitage de Verbier. Il fait très doux. Cette douceur va nous accompagner toute cette première nuit. Le départ va être donné dans quelques minutes à exactement 478 partants. L'excitation est à son comble. Après 2 semaines d'affûtage, à peu courir, nous avons tous envie d'en découdre.

Un dernier briefing d'avant course donné par l'organisateur puis une lecture de quelques vers du poème de Rudyard Kipling pour nous stimuler :


Si tu mets ton pouvoir, ton audace et ton coeur,

A servir ta cause jusqu'à la dernière heure,

Ne pas abandonner quand plus rien ne subsiste,

En toi, que ce Vouloir, cette voix qui insiste,

Et qui te crie : "Tiens bon ! gardes Force et Vigueur !"

Et si face à ce temps à la fuite implacable,

Tu fais à chaque instant ce dont tu es capable,

Permettant que toujours tes travaux s'accomplissent,

Avec tout ce qu'il offre, ce Monde sera Tien...

Et bien plus encore, tu seras un Homme, mon fils !

Le départ est enfin donné et nous nous élançons sur la route principale traversant le village de Verbier, encouragés par les personnes présentes au bord de la route. Après un grand tour dans Verbier, nous nous engageons sur une piste forestière et enfin un petit sentier qui nous emmènent au sommet de la station. Le peloton est déjà bien étiré.


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A peine quitté Verbier, nous retrouvons le calme de la nuit, très claire, la lune étant quasiment pleine. Nous devons parcourir 12 kilomètres et surtout 1300 mètres de dénivelé positif pour arriver au 1er ravitaillement. Autant dire qu'il ne faut surtout pas s'enflammer et gérer au mieux cette difficile entrée en matière. Mais, ce que je redoute encore plus, c'est les 17 kilomètres de descente (et 1600mD-) qui suivent, largement de quoi s'exploser les cuisses dès le début de course. C'est là qu'il faut doser son effort pour arriver le plus frais possible en bas.


Sembrancher – samedi 12 juillet – 02h41 – km30

En arrivant à Sembrancher, j'ai le sentiment d'avoir plutôt bien réussi cette 1ère partie de course, sans trop puiser dans le physique. Prochaine étape, Champex-Lac. 3ème fois que j'y passe sur une course, 3ème fois dans la nuit alors que le lieu est magnifique. Vraiment dommage !


Cet arrêt est important dans la course, il faut bien s'y ravitailler et reprendre des forces. Nous sommes déjà au km38 et la suite s'annonce ardue. Nous devons monter à la cabane d'Orny, plus grande difficulté et point culminant de la course (2826 mètres d’altitude), en passant par le col Breya que je ne connais pas mais pour être passé juste à côté, sur la Fenêtre d'Arpette, je me doute que la pente va être terrible. Et effectivement, nous cheminons d'abord en sous-bois sur un chemin plutôt agréable malgré la pente qui s'accentue puis nous attaquons la partie de pierriers, dans un paysage très minéral, technique avec souvent de gros rochers qui nous obligent à mettre les mains pour prendre appui et enjamber l'obstacle. L'allure s'effondre à ce moment-là mais l'essentiel est d'arriver en haut, pas après pas. Le sommet du col est enfin atteint. Le parcours nous offre alors un peu de répit sur un chemin longeant le flanc de montagne. Il est assez court ce chemin, juste ce qu’il faut pour reprendre nos esprits…et attaquer le dernier mur en direction de la cabane d’Orny où je pourrais faire une première vraie pause

Cabane Orny – samedi 12 juillet – 07h40 – km46,4

Je l'atteins non sans difficulté, 3h15 pour faire les 9km depuis Champex ! Mais bon, il fait beau, le paysage est incroyable, je suis content d'être là. Tout va bien.


Direction La Fouly, première étape importante de la course pour se refaire une santé. Et premier grain de sable. Dans la descente, je tape très fort le pied gauche dans une pierre et ressent une violente douleur dans le gros orteil. Je peux trottiner mais chaque appui me fait mal. Alors que je devrais courir, me voici contraint à marcher dans la descente, pas terrible pour la moyenne horaire. J’essaie de penser à autre chose en profitant des fantastiques paysages qui nous entourent. Bas de la descente à Saleynaz atteinte tant bien que mal avec une douleur qui s'est quelque peu estompée. Un bénévole nous invite à faire le plein d’eau à la source toute proche car le chemin est encore long jusqu’à la Fouly.


J'attaque maintenant la légère remontée sur la Fouly, l'occasion de croiser les groupes de randonneurs cheminant sur le tour du Mont Blanc. Mon pied va mieux, je peux de nouveau courir, le moral est en hausse. Tout comme la chaleur qui commence à bien se faire sentir en cette fin de matinée.


La Fouly – samedi 12 juillet – 10h57 – km60,4

J'arrive à la Fouly vers 11h et en profite pour inspecter mon pied. Une grosse ampoule s'est formée sous l'ongle. Il va falloir faire avec dans un premier temps car le secouriste préfère ne pas la percer. Mais quelle erreur ! cela m’obligera à m’arrêter un peu plus loin pour le faire, la gêne étant trop grande.


Je repars vers le col Fenêtre, puis le Grand St Bernard. Nous sommes dans la vallée du Mont Blanc, à la limite de la frontière italienne. Le panorama est grandiose avec une superbe vue sur le grand Col Ferret, passage obligé du tour du Mont Blanc et marquant la frontière entre l’Italie et la Suisse.



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La chaleur est maintenant bien présente, en pleine après-midi, mais j'avance encore plutôt bien. Je passe le col Fenêtre puis arrive aux lacs Fenêtre, balade incontournable à priori vu le nombre de randonneurs présent sur place. Et vu la beauté du site, je comprends vite pourquoi.


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La mi-course est atteinte, les jambes sont lourdes, l'objectif à ce moment-là est d'atteindre la base vie de Bourg St Pierre où j'y retrouverai Brigitte et mon sac de rechange. Mais avant ça, il faut passer le col du Grand St-Bernard où se trouve l'hospice du Grand St-Bernard, ancien lieu d'élevage des chiens St- Bernard. Le site est incroyable, voyez par vous-même :

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Les splendides panoramas ont beau se succéder les uns aux autres, je repars de là le moral dans les chaussettes. Le physique n'est pas au mieux, il n'y a plus grand monde autour de moi pour m'accompagner, la descente vers Bourg St Pierre est assez technique et il m'est difficile de courir. Les kilomètres sont longs dans ces cas-là. Heureusement, les derniers kilomètres sont beaucoup plus roulant et j'arrive à bien relancer et à rester au contact de coureurs qui viennent de me rattraper. Il ne faut parfois pas grand-chose pour que cela bascule d'un côté ou de l'autre, d’un abandon ou d’une fin heureuse, et là, de pouvoir à nouveau maintenir une bonne allure fait du bien au moral et j’arrive à Bourg St Pierre avec un état d’esprit bien meilleur.


Bourg St Pierre – samedi 12 juillet – 18h57 – km89,3

J’y retrouve donc Brigitte, et la voir, discuter un peu fait également beaucoup de bien au moral. J’en profite pour manger mon premier repas chaud depuis le départ, me changer complètement et essayer de dormir un peu mais je n’arriverai à fermer les yeux qu’une dizaine de minutes.

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Brigitte devant reprendre un bus pour regagner Verbier, mon temps de repos s’en trouve écourté. Malgré tout, cet arrêt m’a fait du bien. Je repars l’esprit léger, prêt à affronter cette seconde nuit tant redoutée. Direction la cabane de Mille avec encore une belle montée de 1000 mètres de dénivelé positif. A la tombée de la nuit, deux coureurs me rattrapent et je m’accroche à eux pour ne pas rester seul. C’est toujours plus sécurisant d’être à plusieurs la nuit en haute montagne. D’autant plus que le sommeil me rattrape. Je lutte pour ne pas m’endormir. Le combat est engagé. Un des deux gars est dans le même état que moi et nous essayons de maintenir une certaine forme de discussion pour penser à autre chose et continuer d’avancer.


Cabane Mille – samedi 12 juillet – 23h27 – km101

Nous réussissons tant bien que mal à rejoindre le ravitaillement. Nous rencontrons des bénévoles extrêmement prévenants qui s’occupent de nous amener du café, coca, bouillon (en fin l’un après l’autre bien sûr), tout ce qui peut nous permettre de nous réveiller et nous tenir éveiller par la suite. Pendant ce temps, je m’habille chaudement car cette seconde nuit est bien plus froide que la première. Un vent glacial s’est levé. Je resterai bien sous la tente mais j’ai une course à terminer. Je me lance dans cette nuit noire, nuageuse, direction la cabane Brunet, sur une section qui ne s’annonce pas trop difficile, plutôt descendante. L’envie de dormir est passée. Mais en cours de route, la pluie s’invite à la fête. Je m’en serai bien passé mais il faut faire avec. Baisser la tête et avancer, toujours pas après pas.

Cabane Brunet – dimanche 13 juillet – 01h49 – km108,8

Je n’ai pas de souvenir particulier de cet endroit, juste un ravitaillement de plus.

Point positif : La pluie s’est arrêtée. Cependant, la suite nous emmène vers le col des Avouillons, presque 600 mètres de dénivelé positif sur une sente raide. Très raide ! Ce chemin s’avère être une autre vacherie de cette course, un chemin où je suis sûr que seuls les bouquetins s’aventurent en temps normal. Quant au début de cette montée je lève un peu la tête, j’aperçois à un niveau beaucoup plus haut des lumières de frontales qui me font comprendre que c’est une paroi, un mur immense que l’on doit grimper. Il faut encore s’accrocher, pousser fort sur les bâtons pour réussir à atteindre ce sommet et basculer de l’autre côté. Et retrouver une descente qui est à l’image de la montée : raide, pleine de gravillons qui ne demandent qu’à rouler et glisser sous mes chaussures. Bon, le fait d’être dans la seconde nuit de la course ne doit pas arranger ma perception de cette section. Mais j’en ai bavé, comme beaucoup d’autres coureurs je suppose. Je descends comme je peux, et finis par arriver à la passerelle de Corbassière, longue de 210 mètres et d’une hauteur de 70 mètres. En plein jour, cela doit être très impressionnant, surtout pour ceux qui comme moi, sont sensibles au vertige mais pour l’instant, il fait nuit et à part le balancement lors de mon passage, je n’ai pas ressenti grand-chose si ce n’est la longueur de cette passerelle qui me semble interminable.


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Nous sommes au pied du grand Combin et son glacier, un des grands sommets du coin prisé par les alpinistes. Un dernier effort pour remonter à la cabane et me poser encore quelques minutes pour reprendre des forces.

Cabane Panossière – dimanche 13 juillet – 04h55 – km116


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Les deux bénévoles qui se trouvent là sont également adorables. Je me pose sur un banc juste à côté d’un poêle à gaz, et eux s’affairent à remplir mes flasques et m’apporter à manger et un café. Le moral est bon. Je suis au km 116, impossible d’abandonner ici. De toute façon, aucun bus ne peut rouler sur le glacier tout proche pour nous récupérer. Pas d’autre choix que de redescendre jusqu’à Lourtier, prochain ravitaillement, même si les mille six cents mètres de descente font peur.


Me voici parti, prêt à affronter ces quelques 12 kilomètres. Les jambes répondent bien, la clarté du jour se fait de plus en plus présente. Ces levés du jours amènent toujours un ressenti incroyable, une sorte de renaissance. Les forces reviennent et le moral est forcément en hausse. Je profite de cet instant, l’esprit libéré, de plus en plus tourné vers cette ligne d’arrivée. Mais pour enfin apercevoir cette ligne d’arrivée, encore faut-il trouver le bon chemin. Le bas de la descente m’amène à un village que je pense être Lourtier. Or, le kilométrage indiqué sur ma montre ne correspond pas. Je suis en fait au village de Fionnay, où je cherche la bonne direction, le balisage étant ici un peu léger. Je m’agace, me désespère mais fini par retrouver mon chemin au bout de quelques minutes d’errement. Il me reste environ 4 kilomètres pour atteindre le prochain ravitaillement, 4 kilomètres que je ferai en marche rapide afin d’arriver au plus vite et parce que je ne peux pas donner plus.


Lourtier – dimanche 13 juillet – 07h40 – km128

Enfin arrivé. Je décide de ne pas trop m’attarder, l’envie d’en finir au plus vite devient plus forte que tout. Je remplis donc mes flasques et repart quasiment aussi vite, direction la dernière difficulté de la course, le fameux « Mur de Lachaux », 1200 mètres de dénivelé positif sur 6 kilomètres, sur un sentier raide mais peu technique. La montée se fera au mental, la seule chose qui fonctionne encore assez bien à cet instant-là.

La Chaux – dimanche 13 juillet – 10h42 – km134

Dernier ravitaillement avant l’arrivée. Je repars de là sous les encouragements du public, assez nombreux car les coureurs du format 27km, partis le matin même, passent également ici et nous partageons les mêmes sentiers jusqu’à l’arrivée à Verbier. Je suis avec 3 autres coureurs croisés régulièrement sur cette fin de course. Tout le monde est euphorique, avec en tête cette fichue ligne d’arrivée que nous visualisons maintenant très bien. C’est sympa de retrouver beaucoup de coureurs mais cela nous oblige à nous écarter souvent pour laisser passer les avions du format court. Nous n’avons clairement pas la même allure. Je me laisse glisser jusqu’à l’entrée de Verbier où l’euphorie l’emporte sur la fatigue. Je décide d’augmenter l’allure, de donner le peu d’énergie qui me reste sur cette fin de course toute proche, tout en appelant Brigitte pour l’avertir de mon arrivée prochaine. Je rattrape un coureur du format court qui s’est mis à marcher et le charrie un peu au passage : « Hé, si je peux courir, tu dois pouvoir en faire autant ! ». Et le voici qui prend ma foulée en souriant pour parcourir en sens inverse la rue principale de Verbier prise au départ, toujours sous les encouragements du public fort nombreux à cette heure de la journée.


Verbier – dimanche 13 juillet – 11h56 – km140,2

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Je retrouve la place Ermitage, les barrières qui nous guident jusqu’à l’arche d’arrivée, j’aperçois Brigitte contente de me retrouver sain et sauf, et enfin, la ligne d’arrivée.

C’est fait ! Je suis arrivé au bout de cette aventure incroyable. L’émotion est forte, mélange de fatigue, de bonheur et de fierté d’avoir surmonté tous ces obstacles. Je retrouve Brigitte, autre moment d’émotion et nous nous dirigeons vers la tente de restauration. J’ai besoin de m’assoir, reprendre mes esprits. Je suis allé loin pour trouver les ressources me permettant de finir. Mais quel bonheur !

Je suis FINISHER !


Trail Verbier St Bernard – X-Alpine – 140km – 9300D+ – 37h55

Encore un grand merci à toutes et tous pour vos messages de soutien avant et pendant la course. Quel bonheur de vous lire sur de nombreux ravitaillements. Que cela fait du bien !


A bientôt ! Sylvain

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